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Qu’est-ce que l’intelligence artificielle féministe ?


Dans un article de recherche [1], Sophie Toupin, professeure au Département de communication de l’Université Laval, brosse un portrait de l’intelligence artificielle féministe.


C’est à la fin des années 1990 que l’intelligence artificielle féministe a fait sa première apparition, en réponse au fait que l’intelligence artificielle traditionnelle avait tendance à reproduire les dynamiques de pouvoir présentes en société. Depuis 2015, l’intelligence artificielle féministe refait surface notamment dû au boom actuel de développement en l’intelligence artificielle. Parité sciences présente ici trois initiatives récentes en intelligence artificielle féministe.

Premièrement, l’artiste et chercheuse Caroline Sinders a lancé en 2017 le projet « Feminist Data Set » [2]. Ce dernier consiste en la création d’un ensemble de données ayant pour but d’entraîner un robot conversationnel pouvant discuter de féminisme. Cette initiative se distingue des ensembles de données traditionnels dont les données sont souvent étiquetées (p. ex. pour supprimer les propos injurieux qui affecteraient l’algorithme) de manière intensive et peu respectueuse de la qualité de vie des humains qui y travaillent. À l’opposé, Caroline Sinders collecte les données à partir d’une communauté féministe rémunérée de manière éthique.

Deuxièmement, l’initiative feminist.ai[3] est un groupe de recherche en art et design qui vise à rendre l’intelligence artificielle plus accessible pour les communautés marginalisées, nonobstant de leur expérience en programmation. Le groupe organise des ateliers communautaires sur l’utilisation d’outils d’intelligence artificielle en design et prend pour acquis que le genre, l’ethnicité et les autres identités des développeurs auront un impact sur le produit fini afin d’éviter que les groupes marginalisés ne soient négativement affectés.

Troisièmement, et plus près de chez nous, le Centre de recherches pour le développement international du Canada a soutenu la naissance et les activités du Feminist AI Research Network[4] qui vise à rendre l’intelligence artificielle plus inclusive, en particulier dans les pays en développement. Il s’agit d’une initiative qui finance le développement de systèmes d’intelligence artificielle par des regroupements issus des pays du Sud afin que ces derniers puissent avoir des systèmes qui leur ressemblent au lieu de systèmes créés dans des pays nordiques qui soient plus enclins à la discrimination des minorités.

Bref, l’intelligence artificielle féministe met graduellement sur pieds des projets plus équitables, lents et consensuels que l’intelligence artificielle traditionnelle. Malgré ces initiatives, Sophie Toupin remet en question la possibilité d’une intelligence artificielle totalement féministe puisque le développement de l’intelligence artificielle repose sur des procédés extractivistes, capitalistes et discriminatoires. Qu'en pensez-vous ?

[1] Toupin, Sophie. « Shaping feminist artificial intelligence ». New Media & Society 26, no 1 (2024): 580‑95. https://doi.org/10.1177/14614448221150776.

[2] Sinders, Caroline. « Feminist data set ». Consulté le 9 février 2024. https://carolinesinders.com/feminist-data-set/ 

[3]Feminist AI. Consulté le 9 février 2024. https://www.feminist.ai.

[4] « About F< A+I >r – A+ Alliance ». Consulté le 9 février 2024. https://aplusalliance.org/about-fair/

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