Un exemple concret de l’impact positif de l’application des sciences, méné par une femme inspirante.
Photo fournie par la chercheuse - Le Devoir
Flavia Braghiroli, professeure en bioproduits forestiers à l'UQAT
Par : Blanche Mongeon
Originaire du Brésil, Flavia Braghiroli est professeure en bioproduits forestiers à l’Institut de recherche sur les forêts de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT). Ses recherches portent sur les bioproduits et matériaux biosourcés et carbonés qui ont des usages dans divers domaines comme la biorestauration, la bioénergie, l’agriculture, le traitement des eaux usées et le stockage d’énergie.
Examinons de plus près l’un de ses projets de recherche qui concerne le remplacement du phénol par le tanin.
Le phénol est un composé très réactif produit durant le procédé de distillation du pétrole. Il est actuellement utilisé pour fabriquer entre autres de la peinture, des tissus, des pesticides, des produits pharmaceutiques, des contreplaqués, des matériaux d’isolation, et même des boissons gazeuses. Pourtant, le phénol peut contaminer la nappe phréatique et les cours d’eau, en plus de causer des dommages aux organes humains tels que le foie et les reins.
À l’opposé, le tanin est une macromolécule toute aussi réactive que le phénol qui se trouve dans l’écorce des épinettes noires. Cette ressource représente une grande richesse puisque les épinettes noires abondent dans la forêt boréale du nord québécois. Présentement, les scieries exploitent le bois d’épinette pour produire des matériaux de construction, alors que l’écorce est plutôt brûlée pour produire de l’énergie.
Saviez-vous que ?
Le phénol n’est plus produit au Canada depuis 1992. Favoriser l’utilisation du tanin au lieu du phénol représente donc une belle opportunité d’encourager une industrie locale.
Flavia Braghiroli a lancé un programme de recherche afin que du tanin québécois issu de l’épinette noire de l’Abitibi-Témiscamingue fasse son entrée sur le marché. Des défis technologiques pour extraire le tanin de l’écorce de l’épinette sont à prévoir. De plus, pour éviter de bouleverser le cycle d'utilisation des produits de l’épinette, cette chercheure vise à prélever le tanin avant sa transformation de l’écorce en énergie. Enfin, l’utilisation du tanin n’est pas d’intérêt qu’au Québec. Au Brésil, la teneur en tanin de l’écorce d’acacia est quatre fois plus élevée que dans l’écorce d’épinette noire. Ce programme de recherche mis sur pied par Flavia Braghiroli représente donc une belle opportunité de collaboration mondiale.
Flavia Braghiroli s'inscrit sans aucun doute comme une chercheure inspirante dans l’industrie forestière, un milieu encore grandement masculin. Son projet de recherche est un parfait exemple d’un usage concret des sciences avec un impact positif sur notre société. En utilisant ce composé local, non seulement on utilise une ressource déjà disponible, mais on diminue également notre utilisation du phénol et, par le fait même, les risques associés pour l’humain et pour l’environnement.
Cet article est inspiré de l’article Exploiter tout le potentiel des écorces d’épinettes noires paru dans le journal Le Devoir.
Références:
Duchaine, Alexandra (2024, 24 février). Exploiter tout le potentiel des écorces d’épinettes noires. Le Devoir. 🔗
Flavia Braghiroli. Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue. Disponible en ligne 🔗
Services publics et Approvisionnement Canada. Fiche descriptive: Phénol. Gouvernement du Canada. Disponible en ligne 🔗
Production de matériaux biosourcés à base de tanin extrait des écorces en Abitibi-Témiscamingue. Société d’aide au développement des collectivités d’Abitibi-Ouest (SADCAO). Disponible en ligne 🔗
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